#MerciPatrice : un jour, une saison : 1995-1996

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Le 8 octobre 1995, Patrice Canayer et le Montpellier Handball disputent le premier match de leur histoire en Ligue des Champions, face au Dukla Prague.

Cette date sera l’événement marquant de cette saison 1995/1996, quelques mois après le premier titre de champion de France.

Une première victorieuse d’un but à « Bougnol » (25-24), suivie d’une autre victoire plus large au match retour, à Prague (24-19). Cette première aventure en Ligue des Champions s’arrêtera le tour suivant, en 8èmes de finale face au champion suisse du Pfadi Winterthur (23-27, 23-26).

Depuis, Patrice et le MHB auront vécu ensemble 23 saisons dans la reine des compétitions européennes, la remportant à deux reprises (2003, 2018).

F.-X. Houlet : « Patrice a toujours eu un coup d'avance »

Acteur de cette double confrontation, François-Xavier Houlet (en photo) se souvient de ce premier match de l’histoire en C1 et rend hommage à son ancien entraîneur :

Le premier match du MHB en Ligue des Champions :

« Nous avions été champions de France dans un final incroyable contre Marseille quelques mois avant et on attaquait ça sans trop savoir où on allait, face à un grand club historique. A l’époque, le Dukla était, et reste toujours, l’un des plus grands clubs omnisports du monde. Un club qui avait gagné plusieurs fois la Ligue des Champions par le passé, qui détenait le record de titres nationaux en République Tchèque. Ce n’était pas rien, eux avaient l’habitude de ce genre de matchs.

Nous nous sommes jetés dans ce match aller avec beaucoup d'excitation mais peu de maîtrise. Nous avons été naïfs, trop nerveux, dans la volonté de faire la différence dès le premier match, ce qui est une erreur terrible sur les confrontations aller-retour. On n'avait pas bien joué mais on l'avait remporté malgré tout au forceps, d’un but. En terme d'ambiance au stade, c'était à l'image de ce que l’on avait fait sur le terrain : on n'avait pas réalisé un grand match, mais même s'il y a des connaisseurs à Montpellier, le public s'en était contenté. Il y avait la victoire et ça s’arrêtait là. »

Le match retour à Prague :

« Le match aller avait été débriefé dans tous les sens par Patrice et son adjoint Didier Marcy. Un cadre précis avait été donné et surtout, on l’avait respecté. Nous n'étions pas franchement favoris et à l’inverse nous avons été bons, vraiment meilleurs que le Dukla. Suffisamment patients, on n'avait pas trop joué avec le score dans la tête, et on s’était imposé plus facilement, de manière plus dominante. C'était une belle expérience de premier tour en C1, pour une équipe relativement jeune, et pas mal modifiée à l’intersaison après le titre. »

Patrice Canayer et son ambition européenne :

« A l’entame de cette saison 1995/1996, Patrice avait annoncé que Montpellier était désormais un club à vocation européenne. Je n’oublierai jamais ça de ma vie, parce-que sur le coup j’avais trouvé cette déclaration présomptueuse.Le MHB était un très jeune club, en première division depuis 1992 seulement. Nous étions tous nouveaux sur la scène internationale. 

En fin de compte, et pour bien des sujets, cela s’est révélé un bon calcul, une bonne vision, une grande ambition mais totalement justifiée, assumée et réussie pour Patrice. Montpellier est devenu un grand club européen, jusqu’à être le seul club français à avoir remporté la Ligue des Champions, à deux reprises en plus. »

Sa carrière au MHB :

« La carrière de Patrice, c’est absolument démentiel, exceptionnel. Il est avec quelques hommes à la base du club, je pense aussi à Jean-Paul Lacombe. C’est l’homme qui a construit ce qu’est devenu Montpellier. On est arrivé ensemble avec Patrice. Il y avait ce tout nouveau coach, jeune, et trois recrues : Patrick Cazal, Ion Mocanu et moi. Il a réussi à faire d’un club parfois excentrique, un club destiné à gagner.

Le plus incroyable est d’avoir fait perdurer cette mentalité là, dans la construction des joueurs et des équipes. C’est avant tout le gain de cet homme, au palmarès et à la manière de fonctionner uniques. Il a toujours eu au moins un coup d’avance sur beaucoup. Cette vision, cette stratégie, d'aller toujours voir ce qui peut se passer demain, mais surtout après-demain, pour qu’à ce moment là, Montpellier soit toujours placé devant. »

L'homme :

« La saison 1995/1996 a été difficile pour moi, c'était "je t'aime moi-non plus" avec Patrice et j'ai préféré mettre un terme à mon contrat. On ne s'est plus parlé pendant quelques années, la distance avec l'Allemagne n'a pas aidé. Cinq ou six ans plus tard, on a de nouveau eu des contacts jusqu’à ce qu’ils soient très réguliers et très sympathiques depuis que j’ai arrêté ma carrière. 

C'est quelqu'un que je trouve drôle et parfois à l’opposé de l’image qu’il véhicule sur le bord du terrain, un peu dans la lune, à l’esprit divagant. Ce n’est pas pour procrastiner, c’est qu’il est sans doute la tête ailleurs à réfléchir à ce fameux coup d’après. Cela a été une chance unique et phénoménale pour Montpellier. Enorme respect pour sa carrière. J’espère que l’on aura toujours l’occasion d’échanger sur notre sport préféré. »

Le bilan sportif de la saison 1995/1996 :

  • 4ème place du Championnat de France
  • 1/4 de finale de la Coupe de France
  • 8ème de finale de la Ligue des Champions
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